Les Alternatives Catholiques

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Atelier de formation | Laboratoire d'action – Café & Coworking "Le Simone" à Lyon

Ouvrir le mariage aux couples LGBT : est-ce vraiment égalitaire ?

Nouvelles familles : jeu sans réponse

Voici un petit texte de Paul, notre président, extrait des chroniques philosophiques de RCF.


 A l’heure d’un souci de plus en plus grand pour l’égalité, François Hollande a voulu que les personnes de même sexe aient elles aussi accès au mariage. La 31ème de ses 60 propositions disait en effet vouloir ouvrir (par souci d’égalité) le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. Mais le mariage gay est-il vraiment égalitaire ?

Je me permets d’avoir un doute. Par souci citoyen, je visitais récemment sur internet un forum, qui permettait de poser à un grand Pape du lobby gay les questions les plus inquiétantes que nos consciences modernes peuvent avoir : une jeune fille demandait, pétrie de doute : « mais alors, si on adopte le mariage homosexuel, est-ce que les gays ne vont pas être discriminés par rapport aux lesbiennes puisqu’ils ne pourront toujours pas avoir d’enfant »? En effet, les lesbiennes pourront avoir leur enfant, grâce à l’insémination artificielle, tandis que les gays n’auront pas accès à ce qu’on appelle pudiquement la Gestation pour Autrui, et moins pudiquement les mère-porteuses. Les gays seront donc, à cause du mariage homosexuel, discriminés par rapport aux lesbiennes, puisqu’ils ne pourront pas avoir leur enfant à eux, issus, disons-le, de leur sperme, tandis que les lesbiennes le pourront. Si le mariage homosexuel est adopté, les lesbiennes pourront avoir chacune un enfant produit avec leur ovule (et la semence d’un donneur), tandis que les gays garderont leur sperme infécond, en l’absence d’une autorisation des mère-porteuses.

Autrement dit, si on n’autorise pas la gestation pour autrui (les mères porteuses) le mariage homosexuel ne serait pas égalitaire, et serait même inégalitaire. Mais alors, autoriser les mères-porteuses par la même loi, ce serait égalitaire, non ?

Il faut croire que non, tout se passe comme si une fois la brèche ouverte se développaient de nouvelles inégalités : si on autorise les mères-porteuses pour les gays, pourquoi ne pas les autoriser pour les hommes célibataires, qui eux aussi désirent avoir des enfants ? Et si tous les hommes peuvent avoir recours à une mère porteuse, faut-il vraiment penser qu’un nouveau service public des mères-porteuses se mettra en place…ou bien ne va-t-il pas plutôt se développer un business de la mère-porteuse, grâce auquel les hommes les plus riches pourront avoir recours aux mères porteuses les plus fiables, voire les plus jolies. On peut même imaginer que les hommes puissent choisir le type de mère porteuse en fonction de leur origine ethnique : certains voulant un enfant blanc ne choisiront qu’une mère porteuse de type caucasien. Naitrait alors un marché de la mère porteuse, où triompheraient évidemment les plus riches dans un darwinisme nuisible aux femmes pauvres.

Mais d’où vient cette sorte de développement exponentiel de l’inégalité ?

Sans doute du fait que si l’on y regarde de près, la revendication du mariage homosexuel, sous des dehors égalitaires, repose en fait sur la logique du privilège. L’argument central du lobby homosexuel c’est que le mariage étant la reconnaissance de l’amour, il n’y a pas lieu de ne pas reconnaître les amours homosexuelles. Mais en voulant la reconnaissance de leur amour, les homosexuels ne veulent la reconnaissance que de leur amour, d’un amour déterminé, entre deux adultes de familles différentes. Mais on peut très bien imaginer, si l’on s’en tient à cette logique que le mariage est la reconnaissance d’un sentiment amoureux, que l’on reconnaisse aussi d’autres amours : ainsi au Brésil un « trouple », un couple de trois personnes, a réussi grâce à un vide juridique à se marier…pourquoi pas si le mariage est la reconnaissance d’un sentiment amoureux ? Et pourquoi pas quatre personnes ou plus ? Et pourquoi, s’il est la reconnaissance d’un sentiment amoureux, faudrait-il que le mariage se fasse entre personnes adultes ? Et pourquoi, s’il est la reconnaissance d’un sentiment amoureux, faudrait-il qu’il se fasse entre personnes de familles différentes ? Voilà en quoi la revendication du mariage homosexuel est profondément inégalitaire : elle ne milite que pour la reconnaissance d’un certain type de sentiment amoureux, celui entre deux personnes adultes de familles différentes.

Ainsi le Cardinal Barbarin a raison lorsqu’il dit que le mariage homosexuel ouvre la voie à la reconnaissance de la polygamie et de l’inceste : non pas, comme feignent de le croire les belles âmes, parce que les homosexuels auraient des tendances polygames ou incestueuses, mais parce que les revendications du lobby gay supposent la même logique juridique. (La même logique, j’insiste, car en cela le Cardinal est parfaitement rationnel, il ne parle pas tant en religieux qu’en citoyen rationnel). Si on dit qu’au nom de l’égalité, la société doit reconnaître un sentiment amoureux, alors elle doit reconnaître tous les sentiments amoureux, pas seulement ceux des homosexuels. Ce serait injuste ! Tout se passe donc comme si le lobby homosexuel ne voulait pas bénéficier de l’égalité mais d’une inégalité, du privilège qui est celui du mariage. Car le mariage entre un homme et une femme est aussi un privilège, il faut bien le dire, mais elle est un privilège qui peut se justifier politiquement, même en régime démocratique.

Comment une inégalité peut-elle être juste ?

Nous venons de voir que l’égalité, appliquée trop étroitement, entrainait des injustices en déclenchant des inégalités en chaîne : ce qui est strictement égal n’est pas forcément juste. Il serait injuste que vous touchiez le même salaire qu’un autre si vous avez travaillé plus. A ceux qui méritent plus, il est juste de donner plus. Alors, comment justifier l’inégalité par laquelle un homme et une femme qui s’aiment peuvent avoir droit au statut d’époux ? Comment cette inégalité pourrait être juste ? Par cette notion tout à fait simple : le mérite, c’est-à-dire la reconnaissance qu’ils sont un fondement nécessaire et unique à la société, et qu’en cela ils méritent d’être une institution, c’est-à-dire d’être reconnu comme étant ce à partir de quoi commence une société, et ce sur quoi elle repose. Une société commence lorsqu’un homme rencontre une femme, et que de leur rencontre naît un enfant. Il faut toujours, de quelques manière que ce soit, qu’il y ait eut cette rencontre pour que la société, accueillant de nouveaux individus, perdure dans le temps. C’est ce que reconnaît l’institution du mariage. Le mariage est l’institution par laquelle une société reconnaît ce à partir de quoi elle commence, et ce sur quoi repose sa survie. Il ne s’agit pas seulement d’élever un enfant, ce qu’un éducateur peut faire sans être pour autant reconnu comme « parent » de l’enfant, mais bien de le faire naître, car la société ne commence pas quand un enfant est élevé, mais quand il naît. Le mariage ne reconnaît pas la capacité d’élever un enfant, mais de le faire naître, capacité qui n’appartient qu’à une unique configuration, qui mérite ainsi le privilège du mariage, la rencontre d’un homme et d’une femme.

Conclusion : Contre cette inégalité qu’est le mariage, on aurait pu choisir de supprimer le mariage (abolissons tous les privilèges !) mais le lobby gay choisit d’étendre cette inégalité…au nom de l’égalité.

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