Les Alternatives Catholiques

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Atelier de formation | Laboratoire d'action – Café & Coworking "Le Simone" à Lyon

Trois remarques sur la communion et la communauté

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Publié le 21 octobre 2018 Aucun commentaire

1.

La communauté s’organise par elle-même pour satisfaire ses besoins, visant à l’autosuffisance (autarkeia). La communion tient au contraire à un appel, dans la mesure où l’Eglise est une assemblée qui est constituée suite à un appel. Elle ne vise pas à se maintenir elle-même, mais au contraire à rendre une réponse adéquate à l’appel. La communauté vise la complétude, la communion fait de l’incomplétude de chaque personne – être de relation et non substance – un principe.

2.

La communauté se dénombre, effectuant sur elle-même des calculs, selon des mesures prédéterminées. La communion est en rapport avec l’incalculable, avec l’Autre comme irréductible à la mesure. Une illustration de cette tension : le Christ se heurte dès sa naissance à l’exigence propre à la communauté, d’être compté, recensé, et s’y soustrait. La communauté a des membres identifiables (métaphore du corps, classique en philosophie politique1), la communion n’existe que dans un processus de désubjectivation, de désidentification, l’amour. « C’est à cela que vous les reconnaîtrez », pourrait être transcrit : « au fait qu’ils ne sont pas identifiables, vous les identifierez ».

3.

La communauté, se pensant dans le rapport de l’un au multiple, est aporétique de part et d’autre. En tant qu’unité, elle exerce un pouvoir qui nie les multiplicités (totalitarisme) ; en tant que multiplicité elle nie sa propre identité, se fragmentant en assemblages communautaires toujours plus petits. La communion n’a pas pour modèle l’articulation de l’un et du multiple, mais la Trinité. Or les reproches que l’on fait aux théologies politiques s’appuyent sur la prééminence qu’elles donnent à l’Un, s’efforçant d’y réduire tous les éléments. Que se passerait-il si une théologie politique prenait le Trine pour paradigme politique plutôt que l’Un ?

 

1 Il faudrait élaborer une distinction entre la métaphore du corps en philosophie politique et la métaphore du corps chez Saint Paul.

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