Les Alternatives Catholiques

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Atelier de formation | Laboratoire d'action – Café & Coworking "Le Simone" à Lyon

La parenté : une compétence éducative ?

Notre président, Paul, nous donne à réfléchir quand à la trop célèbre diatribe « Il vaut mieux avoir deux pères ou deux mères aimants qu’un père et une mère alcooliques et violents !… »


« Il vaut mieux avoir deux pères ou deux mères aimants qu’un père et une mère alcooliques et violents !… »

Comme cela a déjà été remarqué, il y a là une faute logique. Faute logique qui consiste à comparer ce qui n’est pas comparable. On ne peut comparer que deux objets de la même catégorie : du vin avec du vin, du vin de qualité avec du vin de qualité, mais pas du Bourgogne avec du vinaigre, car il sera toujours plus agréable de déguster un mauvais bourgogne qu’un bon vinaigre. En l’occurrence,on devrait comparer un couple hétérosexuel qui se porte bien à un couple homosexuel qui se porte bien. C’est les deux types de couples en tant que tel, et pas l’un dans sa version dégradée et l’autre dans sa version optimale, que l’on devrait comparer. Donc, la question bien posée est : vaut-il mieux qu’un enfant soit éduqué par un couple où les deux pôles du masculin et du féminin sont présents, ou par un couple où l’un des deux pôles a été remplacé par l’autre ?

Pourtant, même ainsi posée, la question ne serait pas encore appropriée au débat sur le « mariage pour tous ». Il ne s’agit pas de savoir qui éduque le mieux. A ce compte-là, comme nous le rappelle Christopher Lasch dans Un refuge dans ce monde impitoyableles parents naturels ont toujours perduIls perdaient hier contre l’école et l’Etat-Providence, qui devaient les remplacer progressivement ; ils perdent aujourd’hui face à de meilleurs éducateurs, que seraient certains couples homosexuels.

Dès lors, si la parenté dépendait uniquement des qualités d’éducateurspourquoi ne pas la proposer tout simplement à des communautés religieuses dévouées à l’éducation, ou pourquoi pas à des communautés laïques d’éducateurs qu’on formerait pour l’occasion ? Ces communautés recueilleraient le nourrisson à la naissance et lui prodiguerait tout ce dont il a besoin, jusqu’au biberon et à la comptine du soir. N’importe qui peut éduquer un enfant, pas besoin d’être son parent !

On ne demande pas à un parent d’être un bon éducateur, sans quoi on l’aurait remplacé par plus compétent depuis longtemps. On lui demande d’être pour l’enfant ce qui l’unit à son origine, lien social s’il en est, qui assure à la société une sociabilité non seulement spatiale (ceux qui habitent  dans de riches appartement et ceux qui moisissent dans de pauvres bicoques – riches et pauvres), mais aussi temporelleLien social avec ceux qui nous ont précédé, la parenté ne se décrète pas, elle est un lien social réel, c’est-à-dire un lien social qui nous résiste, que bien souvent nous voudrions différents (« on choisit pas sa famille »…), mais qui dure à travers les conflits (puisqu’il en est bien souvent le théâtre). Plus profond que nos volontés, mais plus essentiel que nos décisions, le lien de parenté est le premier lien social. C’est ce lien social qu’on veut maintenant détruire sous le néologisme de « parentalité ». On ne demande pas seulement aux parents d’êtres de bons tuteurs, on leur demande d’être-là, d’être là pour transmettre quelque chose qui les dépasse et qu’ils n’ont pas voulu – la filiation.

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